Les exploits de Yannis dit « La guêpe »

Publié le 23 novembre 2021 dans Les récits

Bonsoir,

Petit compte-rendu de l’épreuve à laquelle j’ai participé cette semaine, le texte un peu long 🥵:

Pour repères 300 kms et 5300 d+ le 1er jour, 264 et 4000 le 2e jour, 219 et 3500 le 3ème et 257 et 5100 le dernier. Un peu moins de denivelé prévu au final.

Bikingman Aura, épreuve d ultra cyclisme qui traverse la région Auvergne et Rhône Alpes sur plus de 1000 kms et un peu plus de 18000 m. de denivelé. Épreuve hors norme et terriblement exigeante qui doit être effectuée en moins de 120 heures en autonomie totale.😊🤪

Axel Carion qui est l’organisateur de cette aventure est à l origine de l Incadivide au Pérou (2017), épreuve similaire qui m’a longtemps fasciné par son excessive difficulté et son concept d autonomie, d aventures et d entraide.

J’ai finalement sauté le pas l an dernier en m inscrivant à l épreuve Aura ( il y a aussi le Portugal, la Corse, le pays Basque, Oman, Taïwan et Laos) qui devait se dérouler en mai 2021, au final elle a eu lieu cette semaine 🙃

Je me suis engagé en sachant dans quel pétrin je m embarquais mais que bon j’avais le temps de me préparer…🙈

Les 2 mois précédent la course, je n’en menais pas large, entre le pass sanitaire, le flou complet sur ma capacité à réaliser ce défi fou et la météo plus qu aléatoire,  sans compter mon matériel, s’il allait faire le job 🚵‍♂️ et tous les paramètres de l autonomie à gérer.

Je pensais avoir le fond et l endurance après de nombreuses sorties longues effectuées depuis 6 mois. La plus grande inquiétude était l enchaînement des jours et le denivelé immense. Ardu de trouver des cols en région nantaise 🤪

Bref le jour J arriva enfin avec le départ prévu près de Valence lundi à 5h. Arrivée sur place le samedi pour le check up du matériel. L occasion de sympathiser avec d autres participants arrivés aussi en avance et de comparer notre matériel (ouf je suis au final pas trop mal niveau équipements).

Restau réservé le dimanche soir pour bien manger, bon au final le restau était fermé 🤣😡 du coup on a pris de grandes pizzas 🍕 🙈, nickel, Repas bien diététique pour débuter les 1000 kms quelques heures plus tard..

Lundi 5h départ, la je me demande ce que je fous la, mes camarades ont l air concentrés et soucieux, comme prêts à un départ d une compete de 60 bornes. Il fait frais, beaucoup sont bras et jambes nus, wtf moi j’ai manchettes et jambières, on part en Auvergne on va se cailler le Q,  c’est qui ces mecs putain ?? Bref départ donné par tranche de 20 coureurs, je pars dans la la 2e tranche. On roule en peloton pendant 20 kms environ et déjà survient le 1er col, il y en aura plus de 70 au total 😵 je trouve mon rythme au bout d une 50 e de kilomètres et j essaierais d être constant et gérer l effort au maximum sur cette 1 e journée et sur les autres.

L objectif du 1er jour était d arriver au checkpoint 1 à 270 kms. Finalement j y arriverais en fin d après midi et y mangerais sur place pour faire 30 kms de plus et dormir dans une grange au pied du Puy Mary et grimper celui ci de nuit le lendemain à 5h00.

Le tempo étant trouvé on se retrouve régulièrement avec les mêmes participants qui ont le même  rythme et l on se croise entre les arrêts alimentation et dodo.

Le 2ème jour, donc, après le puy Mary et le Col d Aulac, je me suis caillé dans la descente, et début de faim, je prie pour qu il y ait une boulangerie ou epicerie pas trop loin. Il faut bien gérer son alim,  on peut se retrouver en galère rapidement dans les déserts auvergnats ^^ . Je passe les nombreux cols dont une côte de 4.5 kms totalement débile avec un pourcentage affolant qui ne servait à rien 😄

Le soir je dormirais dans un camping municipal dans une tente, gracieusement prêtée par une famille qui avait pitié d un gars arrivant à 22h avec seulement une couverture de survie et un bivy pour dormir 😅 .

3 e jour, sans doute the Day D avec le grand Colombier, paraît il que c’est une tuerie.

J avais pris un peu d avance le jour précédent, car sur les stats, la dernière partie avait l air monstrueuse. En effet après une partie relativement plane qui a duré un moment, j arrive au Checkpoint…en tour début d après midi. Pause miam pour recharger les batteries. On est 5 ou 6 sur place, et on se tâte à repartir après manger ou fin d après-midi,  fait vraiment très chaud et nous attend 2 colkituent. Bon je tente le pari de partir après manger dans le cagnard. En effet le Col de Porte est juste après, dans la chaleur, je galère franchement pendant un certain temps. Je trouve mon rythme et me refais une santé.  Putain le Colombier apparaît.  Bon j attaque avant un sandwich que j avais gardé au chaud.  Et non pas de bol, celui ci est rempli de mouches vertes 🤢🤢 bon me reste une redbull et quelques barres, ya quoi, 12 kms ça doit pas être aussi terrible qu ils disent!

Erreur le Colombier est une terrible épreuve, il y a des passages horribles à près ou plus de 20 %, c’était si pentu que mon GPS n affichait plus le pourcentage. Arrivé en haut enfinnnn sans poser pied à terre ce qui est déjà une énorme victoire 😋🤣 s offre un panorama absolument grandiose sur le massif du Jura et même le Mont Blanc que l on distingue clairement au loin, un vrai bonheur après cette souffrance. En plus un snack se trouve en haut du col, le pied! Me restait plus grand chose à part des bonbons. Bref je descend le Col du Colombier, jusqu’à Aix les Bains, et me pose au début d un col dans un champs à la belle étoile 😃

Je pars le lendemain à 4h10 dans la nuit et longer le Lac du Bourget, oui c’est con car je ne verrais pas le paysage 🤪 mais ya des priorités 🤨 dure la mise en 🦵 mais après un bon sandwich à 6h30 ça repart comme en 40 lol.

La dernière journée, le jeudi, fut sans doute la plus intense, avec le denivelé le plus important sur une distance équivalente. Car nous terminions par la trilogie de la Chartreuse et 3 cols pour terminer avant de redescendre près de Valence 🥵🥵🥵, mais bon, quels beaux paysages dans le Vercors c’était magnifique !

Je suis arrivé avant 21 h le jeudi, malgré un début de fringale à 50 kms de l arrivée, j’ai du mendier des bananes dans un camping car avant l avant dernier col 😁

J’ai finalement largement réussi cette première épreuve en 87 heures, objectif que je m étais fixé avant le départ. Je suis baptisé dans le monde des guerriers et guerrières !

Nous avons traversé la Drôme, la Loire, le Cantal, la Haute Loire, l Ain, la Saône et Loire, la Savoie, l’ Isère,  le Rhône, l’ Ardèche et j en oublie sûrement…

Aucun pépin mécanique rencontré.

Pas de problème physique à part mal au Q évident et aux cuisses, et cervicales dans les descentes. Et perte de sensibilité aux orteils… Pas de tendinite. La grande crainte.

Une belle solidarité avec les autres participants,  expérimentés ou non, et beaucoup d anecdotes et d histoires émouvantes ( des yeux ont pleuré) mais le texte est déjà bien conséquent haha.

Merci au staff vraiment génial,  patient, sympathique et bienveillant et qui fait un travail de dingue.

Petite galerie de personnages croisés,  entre autres:

– Enrique, le français qui vit et travaille à Manhattan, venu en France pour le Biking man et voir ses parents pas vu depuis 2 ans, son arrivée et ses retrouvailles avec ses parents fut très emouvant.

– José,  le Portugais, patron maçon qui s’est acheté un vélo 2 mois avant le bikingman Portugal et qui va le terminer, à l agonie, mais le finir. Il parle seul sur son vélo pour s encourager. Un sacré gars, dur au mal.

– Bérengère, ancienne competitrice, on a roulé qques temps ensemble le lundi,sur le plat impressionnante, plus juste en cols, mais d une résistance impressionnante. Elle voulait faire 340 kms le 1er jour . Elle a fait à peine moins. Une vraie machine, elle finit 13 e. 1e participation.

– Antoine, coursier, 23 ans, 1ère participation, et finisher, respect car il y a peu de jeunes.

– Anonyme, une soixantaine d années qui a fait le circuit avec une carte routière car son GPS a rendu l âme et son tel ne fait que telephone 😄. Chapeau.

– Les tous premiers je n en parlerais pas car leur niveau est tellement sidérant que c’est gênant 😂

– Caroline et Thierry, couple binôme, Caroline à eu une intoxication alimentaire pendant la course, les pompiers l ont emmené à l’hôpital,  elle a eu une perf, le médecin a donné son feu vert pour la suite. Ils ont perdu une dizaine d heures mais terminent dans les délais. Respect!

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