Yannis sur la Bikingman Corsica Mai 2024

Publié le 7 juin 2024 dans Les récits

Petit compte rendu du Bikingman Corsica qui a eu lieu la semaine passée. 200 zinzins au départ de Biguglia près de Bastia entre 11h20 et 12h le dimanche 26 mai par vagues de 10 concurrents. Partis pour environ 1000 kms et un peu moins de 20000 D+. Je suis parti de Nantes avec un pote de la Chapelle sur Erdre le vendredi matin, arrivés le samedi matin au camping de départ, le temps nous est laissé de finir de préparer notre set up et de rencontrer de concurrent(e)s ou de revoir des anciens participants et certains nantais connus dans l’ultra. 🙂 Et s imprégner de l ambiance Corse et de la météo parfaite 😃. Départ avec les potos vers 11h30 direction Bastia et toute la côte est avant d attaquer les montagnes un peu plus tard. J essaie de prendre mon rythme, car je me sens très fébrile suite à des soucis récurrents au tendon d Achille. Finalement je me retrouve seul assez vite, la circulation étant compliquée à Bastia, les potos sont derrière, peu loin, mais cela ne me déplaît pas de rouler solo à mon rythme et de gérer mon tempo. Direction le Cap Corse et ses plages magnifiques, on a envie de s’arrêter et de s’y tremper les papattes 😁. La température est quasi idéale. Côte ouest ensuite en direction du Col de Battaglia qui sera le Checkpoint numéro 1 en haut du col. Sauf que, très optimiste, le denivelé commence à se faire vraiment sérieux, les arrêts assez fréquents pour se ravitailler. Nous passons sur des routes quasi désertées ou certains commerces isolés en montagnes sont heureux de nous voir nous arrêter et consommer les produits locaux miam-miam. Nous commençons par le Col de Colombano qui est la 1e vraie difficulté. Au sommet, le jour commence à décliner. Peu après le debut de la descente, grosse frayeur, un patou au milieu de la route, je m arrête in extremis, ne le regarde par et repars calmement 🥵🥵 L attaque du Col de Battagliase fera de nuit, 16 km à 6% de moyenne, et plus le sommet approche plus les pourcentages augmentent. On regrette à ce moment là les 13.5 kgs du vélo 🚲🥵. Je monte la fin interminable du col, on aperçoit les lumières des participants quelques mètres devant , mais qui semblent à 30 mètres de plus en hauteur, ce qui psychologiquement est difficile à gérer 🤣. Enfin le Col, et le 1er checkpoint, ou on peut se restaurer dans une auberge, une aubaine. Nous sommes entre 20 et trente, à manger, à arriver, à repartir. A notre table, un binôme père et fils se chamaillent, le fils ne souhaitant pas continuer… Au final, après s être refait la cerise, le fils, et son papa seront finishers et feront une belle perf.

Je repars après m’être restauré, la pause dodo étant compliqué car beaucoup de monde, de bruit et très frais en haut du col. Je roule une trentaine de kms pour descendre au max afin de ne pas avoir froid. Finalement je m arrête dans la commune de Vito à l arrache et me pose près d’une ancienne gare à la Belle Étoile dans mon duvet pour me reposer quelques heures. 2 concurrents se poseront pour l’anecdote juste à côté pendant la nuit sans qu’ils me voient 😅

Jour 2, Après une nuit dehors dans mon duvet douillet et 4h30 de léger sommeil, je repars tranquillement, le jour se lève doucement et l’aube est bien fraîche. Le réveil musculaire se fait difficile après la longue journée d hier… Il me tarde de trouver un endroit pour prendre un café et des viennoiseries. Je commence à croiser les mêmes camarades de course au gré des arrêts de chacun. Les douleurs à la selle se font de plus en plus ressentir, ainsi qu’une gêne persistante au pied droit. Mais aucune douleur au tendon d Achille 🙂 La journée sera marquée par le passage au col de Vergio et par les Calanques de Piana, un régal pour les yeux même si le lieu est chargé de touristes et pénible à vélo avec les nombreux véhicules. Je finis par rouler avec un camarade qui roule au même rythme que moi, le temps passe plus vite malgré le denivelé qui se fait plus brutal que la précédente journée. Les copains sont loin derrière. Je me laisse embarquer par mon camarade et nous dormons au Cp2 qui était l objectif de la journée, avec une bonne nuit au chaud de plusieurs heures. Moins de kms qu hier mais davantage de denivelé. Cependant je serais bien reparti après le Cp2 pour dormir plus tard dans la nuit… La journée marathon du lendemain me donnera raison…

Jour 3 La nuit toujours présente je repars avec mon camarade, relativement reposés et bien ravitaillés. Une petite descente, une partie plane, et on attaque une petite grimpette. Je me retrouve seul à nouveau. Et je me retrouve de nuit sur une route totalement défoncée avec des trous énormes, la roue dedans et c’est la chute assurée 🥵, portion dangereuse et qui bouffe de l’énergie…qui durera je ne sais combien de kms. Après cela j attaque le Col de Scallela, interminable mais tellement joli en haut de ce col, désert au lever du jour. La descente sera un Calvaire, longue, technique mais surtout très très froide 🥶 le moment le plus froid des 1000 bornes. Enfin arrivât un café ☕️ vers la fin de la descente, qui tombe à point nommé. 2 camarades s’y trouvent déjà, une formule petit déjeuner fera le bonheur de nombreux concurrents, réchauffant le cœur et les gambettes 😀 . La journée est longue, vertigineuse en denivelé, mais je croise souvent des camarades, dont un père et sa fille qui dévoilent un rythme de métronome, lent, mais ils ne s’arrêtent que pour s’alimenter ou faire une sieste, roulent toute la nuit. Ils forcent le respect par le calme qu’ils dégagent ( et le charme de la jeune femme 🙈), En fin d après midi je retrouve mon camarade et 2 acolytes avec qui je roule fréquemment. On s’arrête à 2 pour se ravitailler. Simeon veut réserver un hôtel, il me propose de l accompagner. Je décline son invitation. Au final l hôtel était bien trop loin vu les difficulté à passer avant. Je continue solo au maximum de mon énergie malgré les douleurs pénibles à la selle et au pied. Les difficultés seront sur la fin de la journée avec le Col de Bavella qui se dessine en 2 parties, un enfer. Je finis par marcher à certains moments dans le Col. J’entends des animaux sur les côtés, un sanglier surgit devant moi à quelques mètres, il paraît énorme dans la lumière de mon feu avant. Il ne me calcule pas et disparaît dans les broussailles. Exténué, je voulais m arrêter dormir sur le bas côté, cependant échaudé par cette rencontre je vais continuer mon chemin. En haut d’une montée 2 camarades me rejoignent, bien marqués eux aussi. Ils sont heureux malgré tout, car un des concurrents les invite à le rejoindre dans une chambre d’hôtel réservé à quelques kms de là. Merde, ils ne m’invitent pas 😭😂 , tant pis pour eux je continue ma route. Finalement, après n’avoir rien trouvé pour dormir en sécurité je m arrête 2 ou 3 heures pour dormir sur le bas côté. Au diable les sangliers! Après ces moments d assoupissement, je repars toujours meurtri de fatigue, et attaqué les 10 derniers kms de pente du Col de Vaccia avant d arriver enfin au CP3. 6000m. D+ … Les visages au cp3 des camarades sont deconfits. Il est temps de se reposer, des matelas sont installés, un repas est prévu. Place à la micro recup.

Jour 4. Après un peu de repos sur matelas et avec couverture de survie, place au repas tranquillou avant de repartir mais pas hâte, fait pas très chaud et l ambiance générale n’est pas vraiment au dynamisme fou 🤣. Il est temps de repartir, en solo toujours, l’ancien de Martigues veut m accompagner mais il mettra une plombe à se préparer 😆. J attaque d entrée de jeu le Col de Verde, peu de pourcentage, mais les jambes ne répondent pas, je rejoins un camarade, on est collé au bitume. Il fait meilleur, la montée est agréable, je m arrête et repars derrière mon camarade, mais on arrive près d’un troupeau de biquettes qui commencent à traverser, je m arrête pour ma part pour les laisser passer, mais le berger est furax et hurle contre les motards et les cyclistes. Son patou veut me croquer j’en mène pas large 🫥 je passe difficilement mais il n a pas d autorité sur son toutou. Grrr. Bref c’est passé. Fin du col enfin, la fatigue est bien présente, une bonne descente ensuite et nous nous retrouvons à 4 a une terrasse à nous ravitailler. 2 cyclistes Corses s’arrêtent, on discute un peu. L’un des 2 était à l’Ucna quand il était jeune. Le monde est petit. Longue est la journée, les arrêts plus fréquents mais vraiment intéressants, dont une epicerie de mets locaux, très bon et dont la tenancière, très gentille, nous accueille dignement. En début après midi je m arreterais à Aleria dans l espoir de trouver un endroit où manger, le 1 er restau j aperçois une tablée derrière les vitres, j entre et demande si je peux déjeuner, 2 hommes sont présents, semblant être les gérants ou propriétaires. L un répond non, et l autre répond oui, sérieusement. Je me sens un peu gêné pour le coup, l’un des 2 hommes, assez âgé, exige que l’on me fasse à manger! Il semble avoir une grand autorité et un charisme ( de mafieux Corse 😅). Je mangerais très bien au final mais rapidement pour pas les ennuyer 🥵 mais ils étaient charmants. Après Aleria il fait très chaud et la route est peu intéressante, on arrive dans une région viticole, peu après la route grimpe, mais le bitume est très abîmé à de nombreuses reprises. Une descente sera tellement defoncee que je devrais stopper pour récupérer tellement je suis tabassé. Avec le mal de Q et au pied cela devient insupportable. Un binôme me rejoint, depuis 2 jours on se croise et recroise. Il reste 85 bornes et veulent terminer sur un gros rythme, je les accompagne un moment. La route est très vallonnée. Je les laisse partir en montée, et les rejoins souvent en descente. Mais ils disparaissent au bout d’un moment. Je roule par la suite avec un autre binôme, mais l un des 2 casse sa manivelle Dura Ace, ils doivent s’arrêter pour bricoler, restent 35 bornes… Le dernier col me semble vraiment long et difficile ! Mais l essentiel est fait 😄. Arrivent enfin les 25 derniers kilomètres qui ne sont que du plat. Mais ma trace GPS disparaît, elle me croit à l arrivée. Ouf un concurrent fait une pause à ce moment là, on finira tous les 2 ensembles, bien cassés, lui le cou hors service, mais pas à bout cependant. Heureux d être finisher malgré une prepa bizarre sans de longues sorties ultra, et sans doute un manque de rythme mais peu important. Les renfos ont porté leurs fruits. 3è Bikingman validé 😃 85e sur 200, 25 abandons. Beaucoup de plaisir et souffrance mélangés. Mais un vrai bonheur de sortir de sa zone de confort, rencontrer de chouettes personnes et retrouver les bénévoles et organisateurs de cette belle épreuve.

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